Présentation du projet, de ses acteurs et du rôle du RFCS
Paloma et Yali.
Objectif général.
La constitution colombienne et la loi générale sur l’éducation de 1994 énoncent l’obligation de l’Etat de garantir l’accès à l’éducation pour tous les enfants. A Buenaventura, les pratiques de détournements de fonds publics alloués à l’éducation font l’objet de fréquents scandales. Les principales victimes de cette corruption sont les enfants et les jeunes, qui connaissent la plus mauvaise qualité éducative de Colombie. Le manque de perspectives en fait les cibles privilégiées de
recrutement des groupes armés. Il n’est pas rare d’entendre qu’à Buenaventura, les seules options de vie des enfants et des jeunes sont la guérilla, les paramilitaires, le narcotrafic, la prostitution et la clandestinité. Selon le rapport Enfances volées de Save the Children (2019), le taux d’homicides d’enfants en Colombie reste l’un des plus élevés au monde, la plaçant au deuxième rang en Amérique latine.
La signature de l’accord de paix a mis fin au conflit avec un groupe armé mais de nouveaux
affrontements ont éclaté avec la création d’autres groupes armés ce qui a intensifié et accéléré la dynamique de conflit dans les territoires. Buenaventura fait partie des trois villes colombiennes où le taux de violences sexuelles est le plus élevé et est considéré comme la ville la plus dangereuse du pays. La multiplication des conflits et acteurs armés tend à renforcer le modèle patriarcal où le mâle dominant utilise la force pour obtenir la reconnaissance et le pouvoir. Ce machisme exacerbé a renforcé les comportements violents des hommes envers les femmes. Elles sont aujourd’hui devenues des « butins de guerre ». La plupart des victimes ne dénoncent pas leurs agresseurs par peur des représailles, par manque de confiance dans les institutions, du fait du taux élevé d’impunité et de l’impossibilité de sortir du territoire.
Depuis des décennies, les organisations sociales préparent le terrain et forment les populations à la connaissance de leurs droits. La population a développé des formes de mobilisation avec la participation grandissante des femmes, des enfants et des jeunes afin de faire connaître leur situation.
Les femmes sont devenues les principales défenseures du territoire face à l’intensification de la violence. Survivantes des massacres et des violences, elles portent sur leurs épaules le poids et les conséquences de la guerre et sont « les gardiennes de la mémoire de ceux qui ne sont plus ». De ce fait les femmes sont de plus en plus présentes dans les organisations d’actions communautaires et les instances administratives locales. On constate en parallèle qu’elles sont de plus en plus victimes de menaces et de meurtre à cause de leurs engagements.
Marqués également par ces conflits de plus de 50 ans et inquiets pour leur future, de nombreux jeunes colombiens se mobilisent pour la mise en œuvre des accords de paix et la revendication de leurs droits.
L’existence d’organisations sociales permet de grandes avancées en termes d’éducation et
d’opportunités hormis les groupes armés. Sensibilisés à leurs droits et formés pour une participation active, les jeunes contribuent à la reconstruction du tissu communautaire mis à mal par le conflit armé. Grâce à la valorisation des identités culturelles à travers des groupes réunis autour d’activités artistiques et de prévention des violences, ils se réapproprient l’espace perdu devant le contrôle des différents groupes armés. Leur intervention passe par des processus créatifs comme la musique, le théâtre ou la danse mais aussi par la mise en place d’espaces de participation. Les organisations sociales témoignent aujourd’hui de l’impact bénéfique des espaces d’inclusion des jeunes dans leurs dynamiques de travail. Désormais, ceux qui participent aux groupes de discussions ont un autre projet de vie que la guerre, un projet de vie dans lequel chacun établit un engagement non seulement personnel mais aussi envers la communauté.
Taller Abierto, en partenariat avec Agir ensemble agit à la fois auprès des jeunes, enfants et femmes dans plusieurs zones urbaines et rurales de Buenaventura, peuplées majoritairement par des communautés afro colombiennes et autochtones, et contrôlées par des bandes criminelles. À travers diverses activités, Taller Abierto crée des environnements protecteurs tout en accompagnant à la fois les jeunes et les femmes à consolider leurs capacités de leadership, un enjeu aujourd’hui fondamental dans une société qui change sa vision de la jeunesse, perçue comme un moteur pour l’amélioration de la vie des communautés.
Ainsi ce projet permet de :
- Renforcer les capacités d’actions des jeunes à travers l’organisation de groupes locaux d’initiatives culturelles et d’activités de plaidoyer.
- Organiser des journées de formations et de pratiques artistiques, culturelles et sportives afin que les jeunes s’approprient leur propre culture et puissent partager leurs opinions, leurs demandes et leurs propositions concernant leurs droits.
- Reconstruire et renforcer le tissu communautaire mis à mal par les conflits armés grâce à la valorisation des identités culturelles à travers des groupes réunis autour d’activités artistiques et de prévention des violences.
- Organiser des ateliers de renforcement des capacités des femmes et de prévention des violences à leur égard, et des journées d’assistance psycho-juridiques, et d’accompagnement des cas de violation de droits.
- Accompagner et renforcer les groupes de femmes, notamment en favorisant les rencontres communautaires de femmes.
- Participer aux espaces de plaidoyer pour le respect des droits des femmes aux niveaux local, national et international.